©2007 Michel EMBARECK.
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En 1952, Le rock'n roll balbutiait. Michel Embareck aussi. Né dans cette vallée du Jura dotée d'un micro climat qui la fait surnommer la Petite Sibérie, l'homme n'a jamais souffert du froid, ni aux yeux, ni ailleurs. La modestie de sa famille ne le prédisposait pas particulièrement à devenir aujourd'hui l'une des plumes les plus acérées du roman noir. Il fit Sciences Po, peut être pour étudier les rejetons d'une bourgeoisie qu'il n'a jamais portée dans son cœur. Il suffit de lire ses derniers romans "Cloaca maxima" (l'Archipel), "La mort fait mal" (Gallimard série Noire) pour s'en convaincre. Et ce n'est pas la
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prochaine production, "Le rosaire de la douleur" (Gallimard série Noire) qui y changera quelque chose. Il y a du Embareck pur sucre dans les réflexions de Frank Boudreaux, son héros récurrent made in Louisiana.
Si le ras de marée punk ne l'avait pas emporté, Embareck serait peut-être devenu l'un des ronds de cuir besogneux à la vie tracée au cordeau. Pour mieux respirer la musique qui lui a toujours servi d'oxygène, il devint rock critic à Best (le vrai, celui de la lutte fratricide avec Rock & Folk), ce qui lui permet de côtoyer le gratin carbonisé d'une époque récente, déjà devenue mythique, où s'entrechoquent les fantômes des sex pistoleros suspendu à l'Histoire par des épingles à nourrice. En 85, pour ne pas perdre le fil de sa vie, Michel écrivit "Sur la ligne blanche" (Autrement) et toucha le Poker d'as dans "l'année du Polar" de Michel Lebrun. Embareck comprit alors qu'il avait peut-être des atouts littéraires dans sa manche. Depuis, il sort un par un, à son rythme, celui du twelve bar blues des bayous mélangé aux langueurs sablonneuses des grèves de Loire. C'est là qu'il vit aujourd'hui : dans notre vallée des rois.
Après quelques romans intimistes comme "Une rue à ma fenêtre" - Balland (qui, depuis la disparition des seigneurs, Blondin, Boudard et Audiard, sait encore servir au lecteur sur un plateau les réparties gouailleuses du zinc du Bar des Arcades ?), le poignant et corrosif "Cochon pendu" (où, après la lecture, plus d'un jeune cadre dynamique a du considérer la vanité de son existence et le suicide avec circonspection) ou le remarquable "2 - 1 = 0" - Lieu Commun (a-t'on déjà traité du divorce avec autant d'émotion ?), il s'est mis à régler son compte à la société, armé d'un stylo particulièrement dévastateur.
Tout comme Robert Johnson au fameux carrefour de Clarksdale, Mississipi, Michel Embareck a conservé une âme d'enfant qu'il est toujours prêt à damner pour aller faire une virée du côté d'Austin, Texas, là ou l'image spectrale et bluesie de Steve Ray erre à jamais.
Luc Baranger
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AWARDS
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Prix Marcel Grancher
.pour "la mort fait mal",
en Octobre 2000.
meilleur client autoproclamé de Schutzenberger Jubilator
...depuis la fondation de cette brasserie en 1740
Complices
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En 2014, un étudiant en lettres de la Sorbonne a rédigé un mémoire sur « le métier d'écrivain » en interrogeant Jean-Philippe Toussaint, David Foenkinos, Bernard Grandjean et Michel Embareck. Une occasion pour ce dernier d'expliquer son travail.
Entretien avec Michel Embareck,
journaliste et écrivain français
Lundi 15 avril (Odéon) de 12h à 14h30
Michel Embareck a une soixantaine d'années, il a d'abord été journaliste musical, de 1974 à 1983, au magazine Best, figure incontournable du rock et principal rival de Rock&Folk dans les années 80, il a été chef des informations de ce magazine, puis s'est retiré pour devenir responsable des faits divers dans un quotidien, ce qui l'a poussé un jour à écrire des polars dans la collection « Série noire ». Avant cela, il a participé aux premiers romans de la maison d'édition Autrement, puis s'est vu offrir une colonne dans Libération où il s'amuse à écrire des papiers littéraires sur le rugby. Depuis, il continue d'écrire sur différents thèmes, des nouvelles aux romans, il a publié en 2011 Rock en vrac, sur ces années « à faire le con, mais à bien s'amuser » où il a pu croiser Gainsbourg, les Clash, Bo Diddley ou Angus Young.
J'ai rencontré Michel Embareck au détour d'un café dans le sixième arrondissement, où il m'a accueilli avec le sourire aux lèvres, la barbe grisonnante et la clope au bec. Je le rejoins, allume une cigarette aussi, et démarre une discussion qui, s'en m'en rendre compte, colle assez avec les questions que j'imaginais. Je m'y réfère cependant à plusieurs moment, me forçant à suivre une ligne directrice pour cette rencontre qui m'aurait autant plu s'il n'y avait aucun dossier à remplir. L'échange s'installe alors rapidement, alternant vouvoiement et « de toute façon, ça on s'en branle » face à cet auteur qui, heureusement, me met assez rapidement à l'aise – vu la façon dont lui l'était, j'ai du m'adapter.
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